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Publié le par Môah

Elle respire...

Il est là, juste derrière elle. Elle le sent. Sa présence l'effraye et la rassure à la fois.
Il retient son souffle. Il a peur de la briser.
Il ne sait pas que depuis lui, elle s'est construite une forteresse contre les garçons de son genre. De tous les genres.
Elle le sent hésiter. Il ne sait pas quoi dire. Il ne sait PLUS quoi dire. Il a trop dit auparavant, et trop de mal est sorti de ses mots. Alors aujourd'hui qu'elle devrait sourire et lui rire, qu'elle devrait aimer et lui, toucher ; aujourd'hui il ne sait plus quoi dire.
C'est mieux ainsi. Elle préfère qu'il se taise.
Restons là. Restons-en là.
Mais il ne veut pas être venu pour rien. Non, çà ne lui ressemblerait pas. Il n'est pas venu pour voir un dos obstinement tourné contre lui. Ce dos qui a mal tant il est tendu. On y voit la colonne vertébrale ressortir, fine, ciselée, arc-boutée. La tension empêche de respirer.
Alors il fait un geste. Un seul. Se blottir contre ce dos, comme un enfant en quête de chaleur. Sa tête retombe sur son épaule. Une main froide s'est blottie dans son cou.
Sur sa main glacée par la peur intime de perdre ce pour quoi elle est venue, tombe une humidité. Une larme s'est lentement détachée des hauteurs invisibles des cils, et a chuté, lourdement, pour venir s'écraser ici. Entre le creux de deux os de sa main.
Elle n'ose toujours pas respirer. Elle sent sa chaleur gelée contre elle. Elle sent le froid l'envahir parce qu'elle ne brise pas la glace.
S'il savait. S'il savait combien elle a attendu ce moment.
Un sanglot la secoue et fait tomber le givre de ses habits. Ce sanglot est chaud.
Elle respire à nouveau.
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